Technologie

L’impression 3D au secours de l’aéronautique

Un accord international (Flight Pact) impose aux constructeurs d’avions une réduction de 75 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) de leurs appareils d’ici 2050. Un pari ambitieux qui passe à la fois par l’utilisation de nouveaux carburants et un allégement des avions. Dans cette optique, Avio, une société italienne qui fabrique notamment des palettes pour les réacteurs, s’est dotée d’un outil de fabrication similaire à l’impression 3D. Sur une fine couche de poudre de métal, un faisceau d’électrons guidé par ordinateur dessine la forme de la pièce à produire et ne fond que la partie utile. Puis la machine remet une couche de poudre et le processus recommence. À raison de 40 micromètres (10–6 m) par couche, la confection d’une pièce nécessite des milliers de passages, mais les avantages du procédé sont nombreux. Il permet de réaliser des pièces complexes sans avoir recours au soudage. Il assure une homogénéité parfaite à la matière, tout en économisant d’un facteur huit la quantité de métal perdue au cours de la fabrication. Enfin, il autorise l’emploi de poudre de titane d’aluminure, un métal qui permet de réduire le poids des pièces de 50 % ! Hubert Desrues

Pour en savoir plus : http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74790.htm

Astrophysique

La taille de l’Univers mesurée à 1 % près

Les chercheurs du Sloan Digital Sky Survey (une collaboration réunissant plusieurs universités américaines) ont mesuré les distances par rapport à des galaxies situées jusqu’à 6 milliards d’années lumière avec une précision de 1 %. Pour les astrophysiciens, de telles mesures sont capitales afin de comprendre et expliquer l’Univers. Mais, effectuer une mesure à une telle distance avec seulement 1 % d’erreur nécessite une technique bien particulière. Les scientifiques mesurent les oscillations acoustiques de baryons (des protons et des neutrons), c’est-à-dire de subtiles ondulations périodiques dans la distribution des galaxies dans le cosmos. Les emplacements de quelque 1,2 million de galaxies ont été cartographiés grâce au spectrographe BOSS (Baryon Oscillation Spectroscopic Survey) installé sur le télescope de 2,5 mètres de l’observatoire d’Apache Point au Nouveau-Mexique (États-Unis). Ces mesures permettent de suivre l’évolution de l’expansion de l’Univers au fil du temps. Les chercheurs espèrent ainsi comprendre pourquoi cette dernière s’accélère et préciser la nature de l’énergie noire responsable de cette accélération. Pour l’heure, les mesures confirment l’hypothèse d’une forme d’énergie inconnue dont la densité reste constante à travers l’histoire de l’Univers. H. D.

Pour en savoir plus :
http://www.techno-science.net/?onglet=news&news=12372

Biodiversité

La biodiversité des grandes profondeurs menacée

Dans les cent ans à venir, la circulation des eaux océaniques devrait être fortement perturbée par la hausse des températures moyennes autour du globe. Les masses d’eau de salinité et de température différentes subiraient notamment une stratification qui freinerait leur capacité à échanger. Selon une étude internationale à laquelle a participé le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CEA, CNRS, université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), ces perturbations réduiront de manière importante les apports de nourriture de la surface vers les profondeurs. Il s’ensuivrait, sur l’ensemble de la planète, une diminution de 5 % de la biomasse des organismes peuplant les grands fonds océaniques. L’Atlantique nord serait affecté pour sa part à raison de 38 %. Les régions à forte biodiversité, comme les canyons et les monts sous-marins, constituent les principales zones à risque. Pour cette étude, les scientifiques ont utilisé des modèles climatiques de dernière génération, dont celui développé par l’Institut Pierre-Simon-Laplace. Celui-là propose une approche multidisciplinaire couvrant les différentes parties du système climatique et l’ensemble des processus connus qui le régissent. H. D.

Pour en savoir plus :
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3379.htm

Médecine

Des bactéries intestinales pour lutter contre le cancer

Une collaboration entre l’Institut Gustave-Roussy, l’INSERM, l’Institut Pasteur et l’INRA vient de mettre au jour le rôle joué par la flore intestinale dans le traitement du cancer par chimiothérapie. Le microbiote intestinal composé de 100 000milliards de bactéries, en plus d’intervenir dans le processus de digestion, exerce de nombreuses fonctions qui nous maintiennent en bonne santé. Dans les cas de traitement du cancer par cyclophosphamide, l’un des médicaments les plus utilisés en chimiothérapie, certaines bactéries du microbiote agissent de manière tout à fait inattendue. Sous l’effet du médicament, des bactéries dites Gram+ franchissent la barrière intestinale et se retrouvent dans le sang. Elles y sont identifiées comme ennemis et déclenchent une réponse immunitaire massive qui aide le patient à lutter contre son cancer en mobilisant de nouvelles défenses immunitaires. En réalité, la réaction immunitaire contre ces bactéries Gram+ aboutit à la mobilisation de lymphocytes effecteurs différents de ceux mis en oeuvre par la chimiothérapie, qui vont seconder les lymphocytes antitumoraux dans leur lutte contre la tumeur. Les chercheurs se demandent désormais si un apport supplémentaire de ces bactéries particulières aux malades aurait un effet déterminant dans ce combat. H. D.

Pour en savoir plus :
http://presse.inra.fr/Ressources/Communiques-de-presse/Chimiotherapie-quand-nos-bacteries-intestinales-viennent-en-renfort

Chimie

Stocker l’électricité  en produisant du gaz naturel

Que faire de l’électricité excédentaire produite par des installations photovoltaïques ou éoliennes ? L’une des possibilités consiste à produire de l’hydrogène, mais il existe d’autres pistes. L’Empa, un laboratoire fédéral suisse de recherche pour l’industrie, propose de combiner l’hydrogène avec du dioxyde de carbone (CO2) pour produire du méthane. La réaction dite de Sabatier à l’origine de cette transformation est connue depuis longtemps (CO2 + 4H2 →CH4 + 2H2O). Une unité de méthanation l’utilise depuis 2011 au sein du Parc énergétique de Morbach en Allemagne. L’ingéniosité de l’Empa réside au niveau de l’élimination de l’eau de la réaction afin d’en améliorer le rendement. Le réacteur mis au point par le laboratoire inclut une zéolite, minéral poreux ayant la capacité de se gorger d’eau puis de la restituer par évaporation. Actuellement, le processus fonctionne en laboratoire. Cependant, son utilisation à échelle industrielle demeure lointaine. Paradoxalement, c’est la production du CO2 qui pose principalement problème. Dans l’idéal, pour disposer d’une unité cohérente, ce gaz devrait provenir d’une unité de méthanisation de la biomasse. Mais, dans ce cas, le CO2 capté contient des traces de soufre, lequel empêche la zéolite de jouer son rôle de capteur d’eau. H. D.

Pour en savoir plus :
http://www.empa.ch/plugin/template/empa/3/143421/---/l=3

Chimie

Une colle nouvelle formule

Une équipe de l’École supérieure de physique et chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI ParisTech et CNRS) a mis au point une colle proposant un tout nouveau principe de collage pour les matières dites molles (gels, pâtes, peau, tissus organiques). Cette colle tire parti du phénomène d’adsorption par lequel des atomes ou des molécules de deux surfaces distinctes se lient entre eux par une interaction électrique de faible intensité appelée liaison de van der Waals (Johannes Diderik van der Waals, prix Nobel de physique en 1910). Cette technique emploie comme liant des solutions aqueuses ou organiques de nanoparticules (silice, nanotubes, nanocristaux de cellulose...). Elle ne fait intervenir ni polymère ni réaction chimique. Il devient possible ainsi de coller quantité de surfaces molles, tissus biologiques et gels chimiquement et mécaniquement dissemblables. Le champ d’application relatif à cette colle est immense. Dans l’industrie, les domaines sont très variés : revêtements, gels d’absorption, matériaux de protection, parures, décorations. Mais c’est certainement dans le domaine des biotechnologies et principalement en médecine que cette invention, par sa simplicité de mise en oeuvre, sa rapidité de collage et sa polyvalence, pourrait trouver les débouchés les plus importants. H. D.

Pour en savoir plus :
http://www.espci.fr/fr/actualites/2013-382/coller-autrement

Énergie

Une nouvelle génération de piles à hydrogène

La société française Symbio FCell, en partenariat avec le LITEN (Laboratoire d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux) du CEA, élabore des piles à combustible performantes, intégrables dans tous les types de véhicules à des coûts pouvant rivaliser avec les moteurs Diesel. Ces piles dites à membranes échangeuses de protons atteignent aujourd’hui les objectifs fixés en 2010 : augmentation des performances, diminution de moitié du volume, réduction des quantités de métaux rares utilisés et simplification de l’assemblage pour une production en série, aboutissant ainsi à une baisse des coûts de production en série de 50 %. De tels progrès ont été rendus possibles par la mise au point d’une nouvelle génération de plaques bipolaires au design novateur, issue de recherches menées au CEA depuis 15 ans, associée à une optimisation des matériaux pour électrodes. Ces plaques ont pour fonction d’assurer au sein de la pile la circulation des gaz, de l’eau et le collectage du courant électrique. Un dispositif expérimental Symbio FCell est en cours de développement sur quelques véhicules hybrides (couplant batteries et piles à combustible à hydrogène) de La Poste en Franche-Comté. H. D.

Pour en savoir plus : http://www.cea.fr/presse/liste-des-communiques/nouvelle-generation-de-piles-a-combustible-a-hyd-124826

Agriculture

Un gros déficit en insectes pollinisateurs

Selon une étude de l’université de Reading (Angleterre), il manquerait en Europe 13,4 millions de colonies d’abeilles domestiques pour polliniser correctement les cultures (fruits, légumes...). France, Allemagne, Italie présentent un déficit de 50 à 75 % par rapport à leurs besoins, la Grande-Bretagne encore plus. Il faut donc compter sur les pollinisateurs sauvages. Si les instances européennes poussent au développement de cultures d’oléagineux, pour fabriquer notamment des agrocarburants, elles refusent d’entendre les apiculteurs et ne prennent aucune des mesures d'ensemble nécessaires à la protection des pollinisateurs domestiques et sauvages. D’après Simon Scott qui a dirigé l’étude : « les pollinisateurs sauvages sont les héros méconnus de nos campagnes. S’il fallait les remplacer par une main d’œuvre humaine, il en coûterait 1,2 milliard d’euros par an aux seuls agriculteurs britanniques ! » Une étude de 2009 faisait état de 153 milliards d’euros par an pour l’ensemble des pollinisateurs dans le monde (source : Ecological Economics). H. D.

Pour en savoir plus :
http://www4.depecheveterinaire.com/index.php/rss/item/653-pollinisationnbsp-grave-deficit-d-abeilles-en-europe

Médecine

Un antidouleur redécouvert en Afrique

Le pêcher africain ou Nauclea latifoliaest très prisé en médecine traditionnelle subsaharienne, principalement au Cameroun. Cet arbre soigne tout : paludisme, fièvres, infections, constipation, douleurs... ! Afin d’identifier la nature des éventuelles substances actives de cette plante, une équipe de recherche s’est constituée à l’initiative de l’INSERM : deux laboratoires grenoblois, l’Institut des neurosciences et le Département de pharmacochimie moléculaire, associés à l’université de Buea (Cameroun). À partir d’un extrait d’écorce de racines de l’arbre, les chercheurs ont découvert une molécule déjà connue, le tramadol. Ce dernier est un médicament de synthèse utilisé dans le monde entier pour le traitement de la douleur. Dans l’écorce séchée, la concentration du principe actif peut atteindre des taux élevés, jusqu’à 3,9 %. En revanche, aucune trace de tramadol dans la partie aérienne de la plante. C’est la première fois qu’un médicament de synthèse est mis au jour dans une source naturelle. H. D.

Pour en savoir plus :
http://presse-inserm.fr/une-molecule-antidouleur-decouverte-a-letat-naturel-en-afrique/9600/

Préhistoire

L’homme de Neandertal face à la mort

L’homme de Neandertal inhumait-il ses morts ? Le débat fait rage parmi les spécialistes depuis 1908, date à laquelle fut découvert le site néandertalien de La Chapelle-aux-Saints en Corrèze. Certains y ont vu une sépulture alors que d’autres criaient à l’erreur d’interprétation. Une équipe de scientifiques, associant le CNRS, l’université de New York, la société Archéosphère (université de Bordeaux) et le service régional de l’archéologie du Limousin, s’est appliquée à reprendre les recherches depuis le début. La réouverture de la fosse dans laquelle le squelette avait été mis au jour, le réexamen des restes humains du « vieux Corrézien » ainsi que la découverte de trois nouveaux Néandertaliens ont permis d’apporter quelques précisions. Une analyse taphonomique (étude des processus qui interviennent après la mort d’un organisme jusqu’à sa fossilisation) a établi que le cadavre avait bénéficié d’une mise en terre rapide. Par ailleurs, l’examen du squelette a montré qu’il subsistait des connexions anatomiques, des contacts au niveau des articulations entre les os. Autant d’indices en faveur d’une inhumation volontaire et de l’existence réelle d’une sépulture néandertalienne. H. D.

Pour en savoir plus :
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3363.htm

Évolution

Séquençage du génome d’un ancêtre des plantes à fleurs

Présentes sur Terre depuis environ 130 millions d’années, les plantes à fleurs ont profité largement d’un système de reproduction très performant pour coloniser la planète. En Nouvelle-Calédonie pousse encore le seul survivant de la lignée la plus ancienne des plantes à fleurs : Amborella. Une collaboration internationale associant l’Institut agronomique néo-calédonien, l’université de Nouvelle-Calédonie, l’INRA AgroParisTech et le CNRS a procédé au séquençage du génome de cette plante. Un pas vers la compréhension du processus ayant abouti à une diversité de plus de 300 000 espèces végétales connues... Tout aurait commencé il y a 200 millions d’années, lorsque l’ancêtre de toutes ces plantes à fleurs a subi une duplication de son génome. Il a pu acquérir alors de nouvelles fonctions propres à ces plantes, notamment la capacité des graines à accumuler un maximum de réserves nutritives, dont de nombreuses protéines, en un minimum d’espace. De fait, le génome d’Amborella contient à la fois des gènes de plantes plus anciennes comme le Ginkgo biloba et des gènes de plantes apparues plus tard telle l’arabette. Amborella semble donc constituer un témoin génétique de l’évolution du monde végétal. H. D.

Pour en savoir plus :
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3369.htm

Génétique

Évolution atypique d’un gène architecte

Le gène LEAFY fait partie des gènes architectes qui gouvernent la nature et la position des organes de tout organisme. Chez les plantes à fleurs, LEAFY assure la formation du bouton floral et de ses organes, sépales, pétales, étamines et pistil. Il résulte de l’évolution d’un gène présent chez les végétaux bien avant l’apparition des plantes à fleurs. L’évolution des gènes architectes conditionne largement celle des êtres vivants au cours du temps. Généralement, l’évolution d’un tel gène s’opère après sa duplication, l’une des deux copies continuant à assurer la fonction originale tandis que l’autre évolue... Une équipe conduite par le Laboratoire de physiologie cellulaire et végétale (CEA, CNRS, université Joseph-Fourier, INRA) à Grenoble vient de montrer que LEAFY avait évolué sans duplication. Les chercheurs ont mis au jour une forme intermédiaire ancienne de la protéine chez une espèce apparentée aux mousses qui existe toujours. C’est la première fois que ce type d’évolution est découvert pour un gène architecte. H. D.

Pour en savoir plus :
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3395.htm