Astrophysique

Parker Solar Probe tient ses engagements

Lancée en août 2018, Parker Solar Probe (NASA, National Aeronautics and Space Administration) est en phase de recueil de données. La sonde s’approchera à moins de 0,045 unité astronomique (1 UA = 149 597 870 700 mètres) du Soleil. Au terme de cette mission, les chercheurs espèrent comprendre pourquoi l’atmosphère du Soleil est deux cents fois plus chaude que sa surface. La sonde commence à fournir quelques premiers éléments d’observation. C’est ainsi que de petits jets de plasma supersoniques auraient une influence sur la formation du vent solaire et peut-être sur le mécanisme de chauffage de la couronne. Il semble aussi qu’une théorie ancienne se confirme : le nuage de poussière en orbite autour de l’étoile disparaît bien progressivement à l’approche de sa surface. Parker Solar Probe a mis également en évidence l’existence de petits orages solaires qui émettent en continu et accélèrent des particules énergétiques. Ces dernières pourraient être à l’origine des particules qui menacent régulièrement nos satellites et nos équipements électriques. Autre constatation, la vitesse de rotation de la couronne autour du Soleil semble plus rapide que prévu. Un élément qui pourrait approfondir notre compréhension de la rotation des étoiles. HUBERT DESRUES

Pour en savoir plus 
: communiqué de presse du CNRS

Technologie

Le grand nettoyage de l’espace peut commencer

L’Agence spatiale européenne (ESA) estime qu’il y a actuellement plus de 34 000 objets mesurant plus de 10 centimètres en orbite autour de la Terre. Ces débris divers d’engins spatiaux circulent autour de notre planète à une vitesse de 28 000 kilomètres par heure. Ils constituent autant de dangereux projectiles, aussi bien pour les satellites en activité que pour les Hommes envoyés en mission dans l’espace. Plusieurs entreprises et laboratoires étudient des solutions permettant d’extraire de leur orbite terrestre ceux arrivant au terme de leur mission ou s’avérant défectueux. Un consortium mené par une start-up issue de l’École polytechnique fédérale de Lausanne a été choisi pour piloter une importante mission de l’ESA dans le cadre du programme ADRIOS (Active Debris Removal/In-Orbit Servicing). Ce programme se donne pour objectif de développer des technologies de capture et de désorbitation de débris spatiaux. La mission baptisée ClearSpace-1, du nom de la start-up, doit retirer de l’espace un objet devenu inactif, vestige d’un lanceur européen Vega en orbite depuis 2013. Pesant 120 kilogrammes, il évolue aujourd’hui à 700 kilomètres au-dessus de nos têtes. L’ESA est la première, dans le monde spatial, à mettre en place une mission de désorbitation de l’un de ses propres objets devenus obsolètes. H. D.

Pour en savoir plus : actualité de l'EPFL

Énergie

Le vent revient

L’énergie éolienne couvre aujourd’hui près de 6 % de la demande mondiale en électricité. Cette production, liée fortement à la vitesse des vents, varie selon le cube de cette dernière. Or depuis les années 1980, la vitesse moyenne des vents de surface s’était mise à décroître. Selon des relevés provenant de stations éoliennes du monde entier, il semble que cette tendance se soit inversée à partir de 2010. En huit ans, les vitesses des vents ont retrouvé leur niveau de 1980. C’est en Amérique du Nord, Europe et Asie que leur croissance a été la plus rapide. Selon une collaboration internationale menée par l’université de Princeton (États-Unis), à laquelle ont participé des chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (Paris-Saclay), ces variations auraient une origine climatique et seraient dues à la variabilité décennale des circulations océaniques et atmosphériques à grande échelle. Des données recueillies dans le Pacifique et l’Atlantique nord suffisent à expliquer à la fois l’accalmie débutée en 1980 et la reprise récente. Cette augmentation de la vitesse des vents dès 2010 se retrouve dans une croissance de 17 % du potentiel éolien dans le monde. Si la tendance actuelle se maintient, la production éolienne d’électricité pourrait augmenter de 3 % par décennie. H. D.

Pour en savoir plus 
: actualité du CEA

Neurosciences

Le magnétisme pour réparer le cerveau

Le cerveau est certainement l’organe le plus mal connu du corps humain. Sa complexité rend difficile la mise en place de protocoles de réparation de dommages cérébraux ou de dysfonctionnements de neurones. Apparue dans les années 1980, la stimulation électromagnétique transcrânienne donne cependant des résultats, mais trop souvent aléatoires et non reproductibles. Une équipe de chercheurs de Sorbonne Université vient de démontrer que la stimulation magnétique transcrânienne répétitive à faible intensité (LI-rTMS) provoque la croissance des axones, prolongements du neurone, et la formation de synapses, zones de contact entre deux neurones. Il devient possible ainsi, en utilisant des fréquences de stimulation particulières, de réparer un circuit neuronal endommagé. Les chercheurs ont identifié un récepteur présumé de ces stimulations magnétiques : le cryptochrome. Présente dans tout le corps, cette protéine est impliquée notamment dans le rythme circadien. Cette découverte ouvre un champ nouveau pour comprendre les mécanismes d’action de la LI-rTMS et envisager la mise en place de traitements efficaces de différentes pathologies du cerveau. H. D.

Pour en savoir plus : communiqué de presse du CNRS

Médecine

Des vaccins s’allient à l’immunothérapie dans la lutte antitumorale

Des chercheurs français ont mis en évidence que certains vaccins pouvaient annihiler la résistance tumorale aux immunothérapies, développée par les patients dans 75 à 90 % des cas. In vitro, des vaccins existants ont révélé une fonction oncolytique inconnue jusque-là : l’infection préférentielle de cellules tumorales, aboutissant à une mort dite immunogénique (provoquant une réaction immunitaire). In vivo, les vaccins les plus puissants injectés dans des masses tumorales contribuent à les faire régresser, voire disparaître, grâce au pouvoir pro-inflammatoire (en stimulant le système immunitaire). Couplés à une immunothérapie, ils parviennent à les éradiquer. Les vaccins testés, déjà commercialisés, sont produits à partir de souches atténuées de rotavirus, responsables des gastroentérites. Ces découvertes très prometteuses pourraient répondre à un double objectif. D’une part, accroître le nombre de patients susceptibles de bénéficier d’une immunothérapie pour soigner des cancers déjà traités par ce biais. D’autre part, étendre le périmètre d’action des immunothérapies à d’autres types de cancer. GAËLLE COURTY

Pour en savoir plus 
: communiqué de presse de l'INSERM

Physiologie

Une piste pour lutter contre les maladies neuromusculaires

La sarcopénie est une perte progressive et généralisée de la masse musculaire chez les individus de plus de 50 ans. Elle entraîne une nette réduction de la force et aggrave le risque de chute pour les personnes âgées. La masse musculaire dépend de l’innervation et du couplage nerfs-muscles (excitation-contraction). Au cours d’une vie, en cas d’atrophie, le muscle déclenche une série de mécanismes moléculaires qui limitent la perte de masse. En travaillant sur des souris, une équipe de chercheurs du Centre de recherche en myologie (Sorbonne Université) et de l’Institut de myologie a clarifié ces mécanismes. Elle a défini le rôle de la protéine CaVß1E. Dans le muscle, cette dernière active le facteur de différenciation de croissance en aval 5 (GDF5), permettant ainsi le maintien de la masse et de la force musculaires. Normalement, CaVß1E s’exprime pleinement dans le muscle chez l’embryon. Puis, au cours du vieillissement, le mécanisme s’altère, entraînant l’incapacité du muscle à répondre à une perte de masse. En agissant sur le nerf sciatique de souris âgées de 78 semaines (l’équivalent de 70 ans chez l’Homme), les chercheurs ont déclenché l’expression de CaVß1E dans le muscle. Ils ont observé alors la réactivation de GDF5, qui a contrecarré l’atrophie. L’équipe s’intéresse aujourd’hui à la protéine humaine hCaVß1E, qui joue un rôle similaire à celle de la souris. H. D.

Pour en savoir plus : actualité de l'Institut de myologie

Santé

Obésité et risques pour la santé

Chez la souris, les troubles métaboliques et la diminution de l’espérance de vie liés à l’obésité dépendraient de la composition du tissu adipeux, et non de sa seule quantité. C’est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs dijonnais. Des souris obèses ayant consommé un régime gras et sucré, mais ayant reçu un complément nutritionnel riche en antioxydants polyphénoliques, possédaient un meilleur métabolisme que des souris obèses n’ayant pas bénéficié de la supplémentation nutritionnelle, ainsi qu’une durée de vie plus élevée, comparable à celle de souris de corpulence normale. Plus précisément, les souris n’ayant pas disposé d’antioxydants montraient un stress oxydatif élevé au niveau des cellules de leur tissu adipeux, combiné à la présence accrue de cellules immunitaires et inflammatoires, et à l’accumulation de composés toxiques et de cholestérol. L’ensemble de ces anomalies peuvent expliquer les complications métaboliques souvent associées à l’obésité. La composition du tissu adipeux, au-delà de sa masse, constituerait donc un paramètre essentiel à prendre en compte dans le suivi des personnes obèses. Par ailleurs, des études portant sur les effets bénéfiques d’un régime alimentaire riche en antioxydants sont à poursuivre. G. C.

Pour en savoir plus : communiqué de presse du CNRS

Santé

Helicobacter clouée au pylori

Des chercheurs français et indiens auraient-ils trouvé le talon d’Achille d’Helicobacter pylori ? Cette bactérie, mise en cause dans de nombreuses pathologies stomacales (ulcères gastriques, gastrites, cancers...), multiplie les résistances aux antibiotiques. En étudiant le mécanisme, peu documenté jusqu’à présent, lui permettant d’acquérir des gènes de résistance par transfert horizontal de gènes (via un processus appelé transformation naturelle), les scientifiques ont identifié une protéine d’intérêt. Nommée ComH, elle est impliquée dans la capture d’ADN (acide désoxyribonucléique) présent dans l’environnement de la bactérie et permet à ce dernier de franchir les membranes externe et interne pour gagner le cytoplasme bactérien. Ladite protéine pourrait devenir la cible de nouveaux traitements médicamenteux visant à éradiquer les souches bactériennes les plus virulentes. H. pylori constitue un enjeu de santé publique majeur, la moitié de la population à l’échelle mondiale étant infectée, avec des variations allant de 20 à 90 % selon les pays. G. C.

Pour en savoir plus : communiqué de presse du CEA

Biologie

Du bon usage d’un gros bec

Le macareux huppé est connu pour son gros bec coloré. Mais pourquoi la nature l’a-t-elle paré d’un tel appendice ? Une équipe de l’Université McGill (Montréal, Canada) pense que cet attribut aurait un lien avec sa capacité à voler longtemps pour chercher de la nourriture. Le vol est un exercice vorace en énergie. Des mesures réalisées sur le guillemot de Brünnich, un cousin du macareux huppé, montrent qu’il dépense 31 fois plus de calories en vol qu’au repos. Consommer autant d’énergie produit une grande quantité de chaleur que l’oiseau doit éliminer pour voler sur de longs laps de temps. En période de nourrissage de ses oisillons, le macareux huppé peut être amené à voler plusieurs heures de suite. Son gros bec joue le rôle d’un radiateur et lui permet de se refroidir en volant. Des mesures révèlent que la température de son bec chute de 5 °C en 30 minutes quand il se pose, alors que la température de son dos ne varie pratiquement pas. Le bec, qui ne représente que 6 % de la surface totale du corps de l’animal, est responsable d’environ 18 % des échanges de chaleur totaux. Selon un phénomène d’exaptation, le bec du macareux huppé, comme les longues oreilles du lièvre du désert, a subi une évolution qui lui confère une nouvelle fonction de thermorégulation. H. D.

Pour en savoir plus : nouvelle de l'Université McGill

Biodiversité

Flore tropicale africaine menacée, une étude à l’échelle continentale

Une étude internationale supervisée par un chercheur de l’IRD (Institut de recherche pour le développement) a estimé qu’un tiers environ de la flore tropicale africaine était en danger. En effet, 31,7 % des plantes vasculaires africaines étudiées (soit 6 990 sur 22 036) seraient menacées potentiellement d’extinction, tandis que 33,2 % d’entre elles seraient potentiellement rares et susceptibles d’être menacées dans un avenir proche. Quatre régions particulièrement fragiles ont été identifiées : Éthiopie, Afrique de l’Ouest, centre de la Tanzanie et Sud de la République démocratique du Congo. Ces données proviennent d’une nouvelle méthodologie automatique s’appuyant sur une procédure d’évaluation de conservation de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Les mesures de protection de la biodiversité reposant sur la liste rouge de l’UICN, une étude de la flore, notamment tropicale, était nécessaire afin de déterminer les espèces à protéger en priorité. La conservation de la biodiversité tropicale, mise en péril par les changements climatiques et les activités anthropiques, constituant un enjeu majeur. Cette étude apporte des évaluations préliminaires et vient compléter les données déjà disponibles sur nombre de vertébrés. Outre son faible coût et sa rapidité, elle permet d’apprécier le statut de conservation d’espèces à grande échelle. G. C.

Pour en savoir plus : communiqué de presse de l'IRD

Agriculture

Découvrir de nouveaux herbicides naturels

La France, premier producteur agricole d’Europe, utilise chaque année quelque 28 000 tonnes d’herbicides. Si les produits de synthèse majoritairement utilisés ont permis aux agriculteurs d’augmenter leurs rendements, ils sont aujourd’hui au centre de polémiques sur leur impact sanitaire ou leur efficacité vis-à-vis de certaines « mauvaises herbes » devenues résistantes. Le projet gouvernemental HerbiScan unit les compétences d’un organisme public – l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) –, d’une entreprise privée – Plant Advanced Technologies – et d’une association interprofessionnelle, qui assure une mission de recherche appliquée au service des filières plantes aromatiques, médicinales et à parfum. Cette coopération vise à découvrir de nouvelles molécules herbicides à partir d’extraits d’origine végétale. À moyen terme, il s’agira de proposer aux agriculteurs des substances à l’efficacité prouvée au champ sur de grandes surfaces, au profil toxicologique favorable et présentant une innocuité testée. « Nous espérons donner une bouffée d’oxygène au contrôle des adventices en fournissant des molécules herbicides qui, idéalement, ne seront pas concernées par les résistances actuelles et seront non toxiques pour l’environnement et la santé humaine », déclare un chercheur de l’INRAE. H. D.

Pour en savoir plus 
: actualité de l'INRAE

Agriculture

Les néonicotinoïdes font de la résistance

En Europe, l’usage des néonicotinoïdes est réglementé depuis 2013 pour la culture du colza. En France, ils sont interdits pour toutes les cultures extérieures depuis 2018. Nous pouvions donc penser que les abeilles étaient à l’abri de ces « tueurs ». Or des études menées par des chercheurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) ont montré que des résidus des trois néonicotinoïdes interdits étaient présents dans des fleurs sauvages ou des cultures non traitées. Après avoir récolté chaque année du nectar dans 291 parcelles de colza d’hiver, les scientifiques ont constaté que 43 % des échantillons se révélaient pollués par l’un des produits interdits. En 2016, 90 % des parcelles étaient positives contre 5 % en 2015. Ces relevés suggèrent que ces produits connaissent une diffusion dans l’environnement à la suite de leur utilisation agricole. Les chercheurs ont établi que les niveaux de résidus sont liés au type de sol concerné et à l’abondance des précipitations. Ces données montrent que le risque de mortalité pour les abeilles est loin d’être éradiqué. En 2014 et 2016, il s’élevait à environ 50 % pour les butineuses, mais aussi pour les bourdons et les abeilles solitaires, dans 12 % des parcelles étudiées. H. D.

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: communiqué de presse du CNRS