Astrophysique

Une exoplanète en forme de ballon de rugby
 

Grâce au télescope spatial Cheops de l’Agence spatiale européenne, une exoplanète en forme de ballon de rugby vient d’être découverte dans la constellation d’Hercule. C’est la première fois qu’une telle déformation est détectée. Elle découle des forces de marée très puissantes exercées par son étoile hôte sur l’exoplanète WASP-103b, provenant de la très grande proximité des deux astres. WASP-103b orbite autour de son étoile en moins de une journée. Le Soleil entraîne aussi un effet de marée sur la Terre (Découverte n° 418, sept.-oct. 2018, p. 14-23), mais le bourrelet de marée résultant est de l’ordre de 30 centimètres, alors qu’il est de plus de 10 000 kilomètres sur WASP-103b. En étudiant plus précisément WASP-103b, les chercheurs ont désormais une idée de sa structure interne qui serait similaire à celle de Jupiter, bien que WASP-103b soit deux fois plus grande que cette dernière et pèse une fois et demie sa masse. Il faut comprendre maintenant pourquoi l’exoplanète est si gonflée et semble s’éloigner lentement de l’étoile, alors que les forces de marée sont censées au contraire l’en rapprocher. MARINE CYGLER

Pour en savoir plus
: communiqué de presse de l'Observatoire de Paris - PSL

Astronomie

Des planètes errantes en nombre
 

D’étranges objets cosmiques ont été identifiés dans notre galaxie, plus précisément dans la région de formation stellaire de la constellation du Scorpion. Il s’agit d’au moins soixante-dix nouvelles planètes errantes, soit le plus grand groupe de telles planètes jamais observé. De masse comprise entre quatre et quinze fois celle de Jupiter, celles-là ont la particularité de ne pas graviter autour d’une étoile et de se déplacer librement. Extrêmement difficiles à photographier car non éclairées par une étoile, elles ont été révélées grâce à l’analyse de dizaines de milliers d’images obtenues au cours des vingt dernières années par les caméras sensibles des grands télescopes terrestres et spatiaux. Ces derniers ont été capables de capter les déplacements de ces planètes parmi des dizaines de millions d’objets, dont de très nombreuses naines brunes et des étoiles de très faible masse. Les spécialistes ne s’accordent pas sur le mécanisme à l’origine de ces vagabondes : certains d’entre eux pensent que les planètes errantes sont formées isolément comme les étoiles, d’autres imaginent qu’elles sont nées dans le disque de gaz et de poussière d’une étoile naissante avant d’en avoir été éjectées ou arrachées. M. C.

Pour en savoir plus : actualité de l'Institut national des sciences de l'Univers-Centre national de la recherche scientifique

Technologie

Un robot commandé par la pensée
 

Des scientifiques de l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne) ont développé un programme informatique qui contrôle un robot grâce aux courants électriques émis par le cerveau. Leur objectif : concevoir une solution concrète pour restituer un peu d’autonomie à des personnes tétraplégiques incapables de parler ou d’effectuer le moindre mouvement. Aussi, pour mettre en action le robot, programmé pour esquiver un obstacle, nul besoin de commande vocale ou digitale : la pensée suffit. Coiffé d’un bonnet muni d’électrodes capables de produire un électroencéphalogramme (

Découverte n° 436

, janv.-mars 2022, p. 40-49) et d’enregistrer ses pensées, l’utilisateur doit regarder simplement le robot. S’il n’est pas satisfait du comportement de ce dernier, son cerveau émet un signal d’erreur. Pour l’instant, le robot ne sait pas déterminer ce qui est incorrect et fait de rapides tentatives, jusqu’à trouver la bonne trajectoire. Dans le futur, les concepteurs de l’algorithme espèrent l’intégrer dans un fauteuil roulant. M. C.

Pour en savoir plus
: actualité de l'EPFL

Énergie

Un nouveau réacteur pour fabriquer du charbon vert
 

Déchets forestiers, agricoles, animaux ou ménagers constituent la matière première la plus abondante disponible sur Terre pour produire des biocarburants. Les biodéchets pourraient-ils devenir une source d’énergie alternative viable ? Pour y parvenir, des chercheurs de l’université Carlos-III de Madrid (Espagne) et de l’université de Rome « Tor Vergata » (Italie) proposent de recourir à la carbonisation hydrothermale de la biomasse, qui reproduit le processus naturel de formation du charbon à partir de la biomasse, mais dans des conditions de laboratoire. Las, le traitement de la biomasse exige de l’eau chaude entre 180 et 250 °C à haute pression, de 10 à 40 bars. En somme, obtenir de l’énergie à partir de la biomasse a un coût énergétique très lourd. Pour contourner le problème, les chercheurs font fonctionner le réacteur chimique avec une source d’énergie renouvelable : l’énergie solaire. Finalement, ils ont réussi à produire de l’énergie verte... grâce à une autre énergie verte. M. C.

Pour en savoir plus : actualité de l'université Carlos-III de Madrid [en anglais]

Médecine

Pas une, mais trois maladies d’Alzheimer
 

Et si médecins et chercheurs s’étaient trompés sur la maladie d’Alzheimer ? C’est ce qu’avance un consortium européen de médecins et scientifiques, dirigé par l’Université de Genève (Suisse). D’après l’analyse de deux cents études, celui-là considère que les malades se répartissent en réalité en trois groupes distincts selon leurs facteurs de risque, les caractéristiques de leur maladie et leur devenir. La cascade décrite habituellement – dépôt d’amyloïde dans le cortex cérébral, agrégation de protéines tau hyperphosphorylées dans les neurones, neurodégénérescence, déclin cognitif – ne correspondrait en fait qu’à un seul groupe, très minoritaire, constitué de malades plutôt jeunes présentant une mutation génétique héréditaire. Prendre en compte les différentes formes de la maladie d’Alzheimer, qui touche près de dix millions de personnes en Europe, permettrait d’une part de mieux identifier les personnes à risque et d’autre part de concevoir des protocoles de recherche plus élaborés. Disponible depuis l’automne, le premier médicament qui cible le dépôt de plaques amyloïdes dans le cerveau s’avère décevant. M. C.

Pour en savoir plus
: communiqué de presse de l'Université de Genève

Médecine

Un test de dépistage du cancer très simple
 

Des chercheurs britanniques de l’université d’Oxford ont conçu un test simple et non invasif pour dépister les personnes cancéreuses, présentant des symptômes non spécifiques mais généraux comme de la fatigue ou une perte de poids inexpliquée. La plupart des tests développés aujourd’hui recherchent la présence de matériel génétique tumoral dans le sang. Ce nouveau test repose, quant à lui, sur la révélation par spectroscopie du profil de métabolites (molécules), lequel varie selon l’état de santé de l’individu. En effet, les cellules cancéreuses produisent des métabolites particuliers qui peuvent être retrouvés dans le sang. Toujours en développement, ce test permet d’identifier 19 patients cancéreux sur 20. Et parmi ceux qui sont atteints d’un cancer, il est capable de déterminer si la maladie s’est métastasée, c’est-à-dire si elle s’est répandue dans l’organisme, avec une fiabilité de 94 %. M. C.

Pour en savoir plus : actualité de l'université d'Oxford [en anglais]

Santé

Un additif alimentaire modifie le microbiote intestinal
 

Des chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) viennent de montrer que le carboxyméthylcellulose (CMC) altère la composition du microbiote intestinal chez des volontaires sains. Noté E466 dans la liste des additifs présente sur les étiquettes nutritionnelles, cet émulsifiant alimentaire est utilisé largement depuis les années soixante pour améliorer la texture et prolonger la durée de conservation des aliments. Chez la souris, des travaux antérieurs ont conclu que le CMC provoquait une inflammation et l’aggravation de nombreuses pathologies inflammatoires chroniques, telles que la colite, le syndrome métabolique et le cancer du côlon. Dans cette étude sur l’être humain, le CMC n’a pas entraîné de pathologie inflammatoire directement, mais il a eu un impact négatif sur le microbiote, avec la diminution nette d’espèces bénéfiques pour la santé comme Faecalibacterium prausnitzii. Par ailleurs, chez les individus qui consommaient du CMC, l’examen par coloscopie a révélé que les bactéries intestinales étaient plus proches des parois intestinales, en comparaison avec ceux qui n’en consommaient pas. Or, cette même localisation est observée dans des maladies inflammatoires de l’intestin et le diabète de type 2. M. C.

Pour en savoir plus : communiqué de presse de l'Inserm

Éthologie

Les corbeaux auraient-il la notion de valeur ?
 

Dans la grande famille des corvidés, connus pour leur intelligence, le corbeau calédonien (Corvus moneduloides) a la particularité d’utiliser des outils pour extraire des proies des trous des arbres. Des éthologues de l’université de St Andrews (Royaume-Uni) et de l’institut Max-Planck (Allemagne) viennent de montrer que les corbeaux calédoniens sont capables en outre de hiérarchiser leurs outils selon leur valeur. Ils prennent soin davantage des outils en forme de crochet, plus difficiles à dénicher dans la nature mais plus efficaces pour déloger les proies peu accessibles. Lorsqu’ils mangent, ils sont obligés de lâcher leur outil. Ce dernier peut tomber ou, pire, être volé par des congénères. Aussi, ces oiseaux ont tendance à davantage cacher et mettre en sécurité les outils provenant de plantes rares à la forme avantageuse, plutôt que les brindilles trouvées au sol. M. C.

Pour en savoir plus : actualité de l'institut Max-Planck [en anglais]

Technologie

Recyclage des panneaux solaires
 

L’Europe ne produit pas les métaux nécessaires à la transition énergétique, notamment le silicium métal, l’argent et le cuivre utilisés dans les panneaux photovoltaïques, dont la durée de vie est limitée à trente ans. Aussi, elle développe le projet Photorama pour la mise au point de procédés innovants de recyclage. Dans ce cadre, des chercheurs du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) s’intéressent au procédé de délamination par CO2 (dioxyde de carbone) supercritique pour séparer les différentes couches d’un panneau solaire, afin d’accéder aux éléments à valoriser. Le CO2 supercritique est un état du CO2 aux propriétés intermédiaires entre liquide et gaz, obtenu quand il dépasse son point critique à 31 °C et 73,8 bars. Or, au sein d’un réacteur, il pénètre la couche du polymère qui entoure la cellule photovoltaïque en silicium. Une fois le CO2 suffisamment absorbé, les chercheurs effectuent une dépressurisation, entraînant une réaction du polymère qui gonfle et mousse. Cette déformation provoque la séparation des différentes couches du module photovoltaïque, qui peuvent ainsi être récupérées individuellement. M. C.

Pour en savoir plus : actualité du CEA

Environnement

Des microplastiques jusque dans l’air pyrénéen
 

L’air des montagnes des Pyrénées devrait être préservé de la pollution plastique. Pourtant, ce n’est pas le cas, d’après une équipe internationale qui a analysé sa composition au sommet du pic du Midi, à 2 877 mètres d’altitude. Les chercheurs ont déterminé qu’environ un microplastique était trouvé tous les 4 m3 dans cet air de haute altitude réputé pur. Ces microplastiques, comme le polystyrène ou le polyéthylène, sont des composants d’emballages. Grâce à des modélisations mathématiques des trajectoires des masses d’air, les scientifiques ont mis en évidence que ces microdéchets proviendraient d’Afrique, d’Amérique du Nord ou encore de l’océan Atlantique. Cette découverte surprenante, voire inquiétante même si ces quantités de polluants ne représentent pas un risque sanitaire, confirme l’existence d’un transport aérien intercontinental des microplastiques, qui explique aussi leur présence dans des régions encore plus reculées du monde, comme les pôles ou l’Himalaya. M. C.

Pour en savoir plus : actualité du Centre national de la recherche scientifique

Environnement

La bouillie bordelaise abîme la couche d’ozone
 

Le cuivre contenu dans les fongicides – comme la bouillie bordelaise –, les plaquettes de frein ou encore les peintures pour bateau et présent dans le sol et l’eau de mer a un impact négatif sur la couche d’ozone. En effet, il est un catalyseur de la réaction qui transforme la matière organique en bromure de méthyle et en chlorure de méthyle, deux composés impliqués dans la destruction de la couche d’ozone au côté des chlorofluorocarbures (CFC) et des halons, plus connus. Des géochimistes de l’université californienne de Berkeley (États-Unis) ont montré aussi que les rayons du Soleil aggravent la situation, dans la mesure où ils augmentent d’un facteur dix la production de ces deux composés. Ces travaux lèvent le voile du mystère autour de l’origine du bromure de méthyle et du chlorure de méthyle retrouvés dans la stratosphère. Ces derniers sont devenus progressivement les principaux destructeurs de la couche d’ozone, avec l’interdiction mondiale en 1989 des CFC réfrigérants et des halons, qui finiront quant à eux par disparaître peu à peu de la stratosphère. M. C.

Pour en savoir plus
: actualité de l'université californienne de Berkeley [en anglais]

Biodiversité

Jusqu’à 260 000 espèces déjà éteintes
 

Les invertébrés sont les grands absents des comptages des scientifiques, qui cherchent à déterminer l’étendue de la sixième extinction massive. Ne serait-ce qu’en prenant en compte les mollusques terrestres, c’est-à-dire les escargots et les limaces, 7,5 à 13 % des espèces animales et végétales auraient disparu de la Terre depuis l’an 1500, au lieu des 0,04 % estimés jusqu’alors, révèle une étude internationale. Les calculs de cette dernière mettent en évidence qu’en comptabilisant les invertébrés, 150 000 à 260 000 espèces seraient déjà éteintes, des estimations 170 à 300 fois plus élevées qu’auparavant. L’Union internationale pour la conservation de la nature, qui établit ses listes rouges pour alerter l’opinion sur la menace croissante pesant sur les espèces, se fonde surtout sur l’état des populations d’oiseaux et de mammifères. Cette étude montre la nécessité d’élargir le nombre et la variété des espèces surveillées. Elle dévoile aussi une inégalité des écosystèmes face à la sixième extinction massive, qui touche moins les océans que les terres émergées, mais davantage les espèces insulaires que continentales. M. C.

Pour en savoir plus
: actualité du Muséum national d'histoire naturelle