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\ déCouVerTe N° 410 \ mai-JuiN 2017
La création du Palais de la découverte en 1937 résulte de l’initiative du lauréat du prix Nobel
de physique Jean Perrin, récompensé en 1926. Quatre-vingts ans plus tard, quel regard porter
sur le rôle et la portée de ce musée de science ? C’est tout naturellement que nous avons
sollicité l’avis du lauréat 1997 de cette prestigieuse récompense, Claude Cohen-Tannoudji,
afin qu’il nous livre sa représentation personnelle du Palais.
Par
Claude Cohen-Tannoudji
, Professeur émériTe au CoLLège de fraNCe, Prix NobeL de PhysiQue
je suis un peu dans l’expectative, comme
d’ailleurs la plupart de mes collègues,
les fidèles du Palais : la science y restera-
t-elle toujours mise en valeur dans l’esprit
de Jean Perrin, le visionnaire fondateur du
Palais ?
L’EXPÉRIENCE AVANT TOUT
Je voudrais rappeler ici l’audace et le
courage dont a fait preuve Jean Perrin à la
création du musée en 1937, incarnation
de certaines idées-forces du Front popu-
laire. En effet, comme le souligne Jacqueline
Eidelman, conservatrice en chef du patri-
moine, ministère de la Culture, le Palais
de la découverte s’est construit alors
« contre les tenants d’un Palais des
Records de la Science et de la Techno-
logie », grâce aux membres les plus nota-
bles de la classe intellectuelle « qui défen-
daient la Science Pure et incarnaient son
paradigme central, la lutte de la raison
contre la barbarie ». La caractéristique du
Palais depuis son origine me semble être
l’attachement aux fondamentaux de la
science. En réalité, je crois retrouver dans
l’esprit qui anime le Palais quelque chose
que j’ai toujours essayé de faire passer
dans mes cours : transmettre des savoirs
complexes sous une forme accessible au
plus grand nombre, avec l’espoir que
les auditeurs sortent de mon cours en
ayant retenu une idée principale et avec
Les 80 ans du Palais
Le regard d’un Nobel
de physique
est avec grand plaisir que
j’accède à la demande
d’Universcience, qui célèbre
cette année l’anniversaire
des quatre-vingts ans de
création du Palais de la découverte par Jean
Perrin (1870-1942), d’écrire un article sur
ce que représente le Palais pour moi. Je
témoigne ici que j’en suis un visiteur assidu
depuis des décennies. J’y ai conduit régu-
lièrement mes enfants, puis mes petits-
enfants, tout en profitant moi-même avec
ma femme Jacqueline des animations dans
tous les domaines, sans cesse renouvelées
et toujours stimulantes pour le passionné
de science que je suis.
J’ai visité de nombreux musées de science
de par le monde, mais aucun n’a pour
moi autant de charme que le Palais de
la découverte. L’une des raisons tient
d’abord au nom de Palais choisi pour ce
musée et à la beauté du lieu, qui saisit
d’emblée le visiteur dès qu’il pénètre dans
la grandiose rotonde de l’entrée, émer-
veillant par ses ors, ses fresques et sa
verrière. Le choix de ce lieu magnifique au
cœur de Paris donne l’impression tout de
suite au visiteur que la culture scien-
tifique est bien partie prenante de la
culture tout court. Je comprends que c’est
aussi l’esprit qui va présider à la réno-
vation du Grand Palais d’ici quelques
années. Je ne peux que m’en réjouir mais
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