Astronomie

Des sons venus de Mars

L’instrument franco-américain SuperCam installé sur le rover Perseverance a commencé à enregistrer les premiers sons martiens dès le début de la mission de la NASA (National Aeronautics and Space Administration), en février 2021. Un constat : hormis le vent, la planète Rouge est très calme et silencieuse. Pourtant, les sons captés se situent bien dans le spectre audible pour l’oreille humaine. En analysant les sons produits par le rover lui-même ou par les pales de l’hélicoptère Ingenuity lors de ses vols à proximité du rover, les scientifiques ont réussi à déterminer les propriétés acoustiques de l’atmosphère martienne. Avec ses 240 mètres par seconde en moyenne, la vitesse de propagation des sons y est plus faible que sur Terre, où elle s’élève à 340 m/s. Mais surtout, phénomène surprenant, elle varie selon que le son est aigu ou grave : elle est d’environ 240 m/s pour des fréquences en dessous de 240 hertz et de 250 m/s pour les sons plus aigus. La faible pression à la surface de la planète Rouge, ainsi que l’extrême richesse de son atmosphère pourraient expliquer ces résultats. MARINE CYGLER

Pour en savoir plus
: communiqué de presse du Centre national de la recherche scientifique

Astrophysique

Accélération record de particules cosmiques dans une nova

Le système RS Ophiuchi est composé d’une naine blanche et d’une géante rouge qui orbitent l’une autour de l’autre. La naine blanche absorbe continuellement une partie de la matière de la géante rouge, aboutissant, tous les 15 à 20 ans, à une puissante explosion à sa surface, qui entraîne l’accélération des particules cosmiques à des niveaux extrêmes. Alertés de l’apparition de la nova RS Ophiuchi par un astronome amateur en août 2021, les scientifiques de la collaboration internationale HESS (High Energy Stereoscopic System) ont pu observer, grâce à leurs cinq télescopes, une accélération inédite des particules cosmiques à des énergies plusieurs centaines de fois supérieures à celles relevées précédemment lors des novae. Ce phénomène d’accélération, enregistré pour la première fois dans le domaine des rayons gamma de très haute énergie, a atteint même les énergies maximales prédites par les modèles théoriques. Ce record s’expliquerait par le champ magnétique très puissant de la naine blanche. Les photons gamma ont été détectés jusqu’à un mois après l’explosion, offrant ainsi aux astrophysiciens la possibilité d’étudier l’évolution temporelle de l’accélération de particules. M. C.

Pour en savoir plus : communiqué de presse du CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergie alternatives)

Physique

Boson W, la théorie démentie

L’exploitation de données collectées lors de milliers de milliards de collisions qui se sont produites entre 2001 et 2011 dans le Tevatron, un ancien accélérateur du Fermilab (Fermi National Accelerator Laboratory), aux États-Unis, a permis de calculer la masse du boson W avec deux fois plus de précision que lors de la précédente mesure. Surprise : cette particule fondamentale en physique se révèle plus lourde que la masse prévue par les calculs théoriques. Le modèle standard de la physique des particules est-il remis en cause ? Même si, finalement, la différence n’est que de 0,09 % entre théorie et pratique, la question agite la communauté scientifique. Découvert en 1983, le boson W est, avec le boson Z, le vecteur de la force faible, l’une des quatre forces qui régissent le comportement de la matière dans notre Univers. Cette anomalie de masse pourrait obliger à repenser le modèle standard. De nouvelles expériences sont aussi attendues que nécessaires, notamment au sein du LHC (Large Hadron Collider) du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire). M. C.

Pour en savoir plus
: actualité du Fermilab

Neurosciences-informatique

Des jumeaux numériques du cerveau ?

Héritiers du père des neurosciences modernes Santiago Ramón y Cajal (1852-1934), qui dessinait à la main les neurones qu’il découvrait, les scientifiques du Blue Brain Project de l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne) ont trouvé un moyen de se passer de l’œil humain et du dessin grâce aux mathématiques. Ils ont réussi en effet à élaborer un algorithme ne nécessitant que quelques exemples de neurones en trois dimensions pour générer un grand nombre de cellules uniques. Il deviendrait donc possible pour les ordinateurs de créer quantité de neurones cérébraux aux morphologies et propriétés plus réalistes, ainsi que leurs multiples synapses. Autrement dit, la capacité à concevoir des jumeaux numériques du cerveau humain, pour mieux le comprendre et appréhender ses dysfonctionnements, est en train de se concrétiser. M. C.

Pour en savoir plus : actualité de l'EPFL

Santé

Les édulcorants, une fausse bonne idée

Et si le sucre, dont la consommation a des effets délétères avérés sur la santé, était remplacé par des édulcorants artificiels ? Après tout, l’industrie agro-alimentaire les utilise déjà largement. Le plus connu d’entre eux, l’aspartame, se trouve par exemple dans plusieurs milliers de produits alimentaires. Il permet de réduire la teneur en sucres ajoutés et les calories, tout en conservant le goût sucré. La panacée ? Non, d’après les données de l’étude de cohorte NutriNet-Santé qui ont permis, entre autres, d’en savoir davantage sur l’exposition à ces additifs alimentaires et l’état de santé de 102 865 personnes adultes. Les chercheurs impliqués dans cette étude de santé publique ont constaté en effet que les plus grands consommateurs d’édulcorants, notamment d’aspartame et d’acésulfame K, présentent un risque plus élevé de développer un cancer. La consommation d’édulcorants est donc un facteur de risque accru de cancer, en particulier ceux du sein et liés à l’obésité. M. C.

Pour en savoir plus
: actualité de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement)

Génétique

Le génome humain entièrement séquencé

Vingt-deux ans après la publication de la première carte quasi complète du génome humain par le consortium scientifique international Human Genome Project (Projet génome humain), le consortium Telomere to Telomere est parvenu à séquencer les 8 % du matériel génétique manquants. Autrement dit, l’ordre des quelque trois milliards de bases de l’ADN (acide désoxyribonucléique) humain est connu désormais. Les généticiens ont constaté que la majorité des gènes et des séquences répétitives d’ADN décodées au cours des quatre dernières années se situe près des télomères, extrémités des chromosomes, et des centromères, points de contact des chromatides. Ce sont notamment les chromosomes 1, 9, 16 et Y d’une part et les chromosomes 13, 14, 15, 21 et 22 acrocentriques (dont le centromère se situe près d’une extrémité) d’autre part qui sont concernés par ces nouveaux résultats. Plus de la moitié de l’information génétique manquante se trouve en particulier sur les bras courts de ces chromosomes acrocentriques. Or, ce travail a montré qu’il s’agissait de gènes essentiels à la production de protéines, dont l’étude pourrait permettre de mieux comprendre le vieillissement et les mécanismes mis en cause dans différentes maladies. M. C.

Pour en savoir plus : communiqué de presse de l'Université de Genève)

Neurosciences

Oriente-toi et je dirai où tu as grandi

D’où vient notre sens de l’orientation ? En grande partie de la topographie du lieu de notre enfance, répondent deux équipes du Laboratoire d’informatique en image et systèmes d’information et de l’Institute of Behavioural Neuroscience de l’University College de Londres respectivement. Celles-là ont comparé les performances de près de 400 000 joueurs du jeu vidéo Sea Hero Quest, répartis dans 38 pays à travers le monde. Tous pays confondus, les personnes adultes ayant grandi à la campagne ont un meilleur sens de l’orientation que les urbains d’origine. Et dans cette catégorie, l’organisation de la ville compte : les adultes dont la ville d’enfance présente un agencement complexe comme Paris ou Prague se repèrent mieux que ceux ayant grandi dans une ville quadrillée comme Chicago, par exemple. Dans la capitale française, les rues forment tous les angles possibles, alors que celles de Chicago se croisent principalement perpendiculairement. Mais surtout, les joueurs se repèrent globalement mieux lorsqu’ils sont confrontés à des topographies proches de celles rencontrées durant leur enfance. M. C.

Pour en savoir plus : communiqué de presse du Centre national de la recherche scientifique

Éthologie

Perroquet intelligent vit plus longtemps

Le ara rouge et le cacatoès à huppe jaune peuvent vivre jusqu’à 30 ans, un âge plutôt avancé pour des oiseaux relativement petits. Des chercheurs de la société Max-Planck, en Allemagne, ont découvert un lien entre la taille du cerveau et l’espérance de vie particulièrement longue des perroquets. En étudiant les données de 130 000 perroquets de 217 espèces différentes et issus de 1 000 zoos, ils ont constaté une grande hétérogénéité de l’espérance de vie, mais aussi de la taille du cerveau par rapport au corps selon les espèces. Or, le fait que le cerveau soit plus ou moins gros par rapport à la taille d’un animal permet de prédire l’intelligence de ce dernier. Selon les éthologues, les perroquets dotés d’un cerveau volumineux ont de meilleures capacités cognitives, ce qui leur permet de mieux faire face aux menaces de leur environnement. Ainsi, l’intelligence favorise une vie plus longue. En revanche, contrairement aux humains, il semble que le régime alimentaire ou la durée de la phase de développement ne jouent pas de rôle dans l’espérance de vie de ces volatiles. M. C.

Pour en savoir plus : actualité de la société Max-Planck

Paléontologie

Le continent oublié

Il y a environ 40 millions d’années, un continent émergé existait entre l’Europe et l’Asie. C’est ce qu’a confirmé une équipe internationale de géologues et paléontologues grâce à des fossiles retrouvés uniquement en Anatolie centrale et dans les Balkans, des territoires correspondant à ce continent aujourd’hui oublié. Baptisé Balkanatolie et peuplé d’une faune distincte de celle de l’Asie et de l’Europe, composée de marsupiaux, d’embrithopodes qui ressemblaient à des hippopotames et d’ongulés primitifs, ce continent a été colonisé d’abord par la faune asiatique. Il aurait servi de corridor à cette faune, qui s’est installée ensuite en Europe, entraînant l’extinction des mammifères endémiques européens il y a 34 millions d’années. C’est ce qui est appelé la Grande Coupure, un événement majeur dans l’histoire des mammifères. La Balkanatolie, quant à elle, n’a pas laissé de trace sédimentaire notable de son existence dans le paysage, laquelle est prouvée par les seuls indices paléontologiques. M. C.

Pour en savoir plus : actualité du Muséum national d'histoire naturelle

Sciences de la Terre

Un atlas mondial des glaciers

Grâce à l’analyse d’images satellite, des chercheurs de l’Institut des géosciences de l’environnement (France) et du Dartmouth College (États-Unis) ont publié un nouvel atlas mondial de plus de 250 000 glaciers de montagne, précisant pour la première fois leur mouvement et leur épaisseur. Leur objectif était de déterminer la quantité d’eau réellement enfermée dans ces glaciers, et donc leurs ressources en eau douce. Globalement, il y a 20 % de glace en moins que ce qui était envisagé auparavant, mais certaines régions en ont davantage, comme l’Himalaya, d’autres moins, comme les Andes tropicales d’Amérique du Sud. Outre les répercussions sur la disponibilité en eau pour la consommation, la production d’électricité ou encore l’agriculture, ces nouvelles estimations modifient également les prévisions de l’élévation du niveau de la mer due au réchauffement climatique. Le fait qu’il y ait moins de réserves de glace réduirait la hausse du niveau de la mer à cause des glaciers de 8 centimètres : la contribution des glaciers passerait de 33 à environ 25 cm. Reste que cette projection n’inclut pas les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, dont l’impact potentiel sur l’élévation du niveau de la mer est très important. M. C.

Pour en savoir plus : communiqué de presse de l'IGE

Agronomie

L’Europe, terre de soja ?

Même si sa culture augmente en continu depuis vingt ans, l’Europe importe encore près de 90 % du soja qu’elle consomme, en grande partie pour l’alimentation animale. Mais avec le changement climatique, le Vieux Continent pourrait-il devenir autosuffisant en soja dans les prochaines décennies ? En s’appuyant sur des données agronomiques et des projections climatiques, des chercheurs d’AgroParisTech et de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) répondent affirmativement. D’après eux, si le besoin reste constant, une autosuffisance en soja de 50 à 100 % pourrait être atteinte, à condition que 4 à 11 % des terres européennes cultivées soient consacrées à cette légumineuse. Outre les avantages économiques, cela pourrait permettre de réduire la pollution liée aux transports, ainsi que l’usage d’engrais azotés. En effet, comme les autres légumineuses, le soja permet de fixer l’azote dans le sol grâce à des bactéries symbiotiques vivant dans ses racines. M. C.

Pour en savoir plus
: actualité de l'INRAE

Sciences de la Terre-climat

Les abysses, un puits de carbone mésestimé

S’il est admis que l’océan est un puits de carbone majeur captant un tiers des émissions de dioxyde de carbone dues aux activités humaines, la contribution de l’océan profond est toujours ignorée. De récents travaux soulignent le rôle insoupçonné des microorganismes vivant dans les panaches hydrothermaux situés à l’aplomb des sources hydrothermales des dorsales océaniques. Ces microorganismes transformeraient environ 3 % du carbone organique total dissous dans l’eau en carbone dit particulaire, lequel peut ensuite soit être utilisé par d’autres microorganismes au sein du panache, soit couler au fond de l’océan pour y être séquestré. D’après les spécialistes, les panaches hydrothermaux, via la contribution significative des communautés microbiennes des abysses à l’assimilation du carbone, pourraient être considérés comme de nouveaux réservoirs à prendre en compte dans les modèles de la pompe à carbone océanique mondiale. M. C.

Pour en savoir plus
: actualité de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer)